À l'aube du XXe siècle, la compréhension des troubles dits "hystériques" faisait l'objet de débats intenses. Dans ce contexte mouvant, Joseph Babinski, élève de Charcot, révolutionne la pensée médicale en introduisant la notion de pithiatisme. Le terme, dérivé du grec « peitho » (persuader) et évoquant l'idée d'une guérison possible par la persuasion, se présente comme une réponse aux limites de l'approche charcotienne de l'hystérie.
Babinski affirme qu'une partie des manifestations hystériques ne constitue pas une pathologie organique irréversible mais un état transitoire, fonctionnel et réversible par des techniques de suggestion et de contre-suggestion.
La richesse conceptuelle du pithiatisme réside dans sa capacité à démêler le véritable substrat des symptômes présentés par les patients. Pour Babinski, ces symptômes relèvent d'un état fonctionnel, susceptible d'être provoqué ou annulé par des mécanismes psychogènes distincts des lésions du système nerveux. Cette approche novatrice avait pour objectif de distinguer les troubles induits par la suggestion des affections à caractère purement organique, ouvrant ainsi la voie à une réévaluation du diagnostic et du traitement en neurologie et en psychiatrie.
Joseph Babinski introduit le concept de pithiatisme dès 1918, en réaction aux insuffisances de la classification hystérique traditionnelle. L'hystérie, à cette époque, était souvent perçue comme un diagnostic fourre-tout pour un ensemble varié de symptômes – des paralysies aux contractures – qui semblaient déconnectés d'une lésion neurologique identifiable.
Babinski propose d'adopter une terminologie qui tranche avec le concept de l'hystérie en distinguant les symptômes dus à une forte suggestion de ceux relevant d'un dysfonctionnement organique.
Selon Babinski, le pithiatisme se caractérise par une origine psychogène : les symptômes apparaissent après l'activation d'une suggestion et peuvent être annulés par une contre-suggestion rationnelle, dite persuasion.
Le travail de Babinski s'inscrit dans une volonté de démanteler l'hystérie en tant que concept homogène. En identifiant deux processus distincts – la suggestion qui induit les symptômes et la persuasion qui y met fin – Babinski présente le pithiatisme comme un diagnostic à part entière.
Cette classification permet non seulement d'affiner le diagnostic, mais également d'orienter les traitements. Dans certaines situations, les interventions basées sur la suggestion inverse et la persuasion se révèlent particulièrement efficaces pour rétablir l'état de fonctionnement normal chez le patient.
Les avancées actuelles en neurosciences, notamment grâce aux techniques d'imagerie cérébrale avancées mises en œuvre par des institutions telles que le NeuroSpin et le Collège de France, viennent enrichir et nuancer la théorie babinskienne.
Ces recherches modernes explorent les sous-bassements neuronaux des phénomènes de suggestion et de persuasion, permettant d'identifier des corrélats neurobiologiques des troubles fonctionnels autrefois qualifiés de pithiatiques.
La distinction entre troubles d'origine organique et troubles induits purement par la suggestion a une importance capitale dans la stratégie thérapeutique. Le pithiatisme, tel que défini par Babinski, propose une approche dans laquelle la persuasion joue un rôle thérapeutique déterminant.
Cette perspective est aujourd'hui reprise dans plusieurs disciplines cliniques, notamment en hypnothérapie et en thérapie cognitivo-comportementale, où des techniques de suggestion contrôlées sont employées afin de moduler l'expression symptomatique.
La théorie du pithiatisme continue d'influencer la compréhension des troubles fonctionnels, bien que le terme même soit devenu historique. Les concepts développés par Babinski restent pertinents pour illustrer comment l'esprit peut influencer le corps.
Les directions futures de recherche devraient viser à :