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Définitions de la vérité

selon Kant, Bloch, Foucault et Dehaene

Emmanuel Kant
Définition classique
Pour Kant, la vérité est « l'accord de la pensée avec son objet ». Cette conception traditionnelle pose la vérité comme une correspondance entre nos représentations mentales et la réalité objective.
Dimension morale
Dire la vérité constitue un devoir moral absolu selon Kant. Il n'est jamais justifié de mentir, même pour une « bonne cause ». Cette position déontologique stricte fait de la véracité un impératif catégorique.
Distinction épistémologique
Kant distingue trois degrés de « tenir pour vrai » :
• L'opinion : jugement insuffisant subjectivement et objectivement
• La foi : suffisant subjectivement mais pas objectivement
• Le savoir : suffisant à la fois objectivement et subjectivement
Marc Bloch (historien)
Vérité historique
Pour Bloch, la vérité en histoire est liée à la critique rigoureuse des sources et à l'analyse des mécanismes de propagation des fausses nouvelles. Il s'intéresse moins à la fabrication du mensonge qu'à sa diffusion, insistant sur le fait que la fausse nouvelle reflète les désirs, préjugés et émotions d'une société.
« La fausse nouvelle est le miroir où la conscience collective contemple ses propres traits »
Démarche méthodologique
La vérité historique est toujours à construire, par une méthode rigoureuse d'analyse et de confrontation des faits. Elle n'est jamais donnée d'emblée mais résulte d'un travail critique permanent de l'historien.
Michel Foucault
Déconstruction du concept
Foucault ne considère pas la vérité comme une adéquation entre le discours et un réel préexistant, mais comme le produit de dispositifs, de rituels et de rapports de pouvoir. La vérité est construite socialement et historiquement.
Production de la réalité
Les « techniques de vérité » produisent la réalité qu'elles prétendent décrire. La vérité est un événement, un effet de discours et de pouvoir, plus qu'une découverte objective. Elle ne révèle pas le réel, elle le constitue.
Vérité et sujet
Foucault s'intéresse à la « vérité du dire » : la vérité se joue dans le rapport entre le sujet qui parle et la vie qu'il mène, et non simplement dans la conformité d'un énoncé à un état de fait. C'est une vérité existentielle et éthique.
Stanislas Dehaene (neurosciences)
Vérité scientifique
Pour Dehaene, la vérité relève de la capacité du cerveau à traiter, vérifier et ajuster l'information à partir de l'expérience et de l'apprentissage. C'est une approche neurobiologique de la connaissance.
Démystification
Il combat les neuro-mythes et souligne que la vérité scientifique est le fruit d'une démarche expérimentale, d'une vérification empirique et d'une correction des erreurs par le cerveau humain. La science progresse par auto-correction.
Apprentissage et vérité
La vérité, dans une perspective neuroscientifique, est ce qui résiste à la confrontation avec les faits et s'impose par la cohérence des observations et la capacité du cerveau à s'ajuster à la réalité. C'est un processus dynamique d'adaptation.

Résumé synthétique

Kant : accord pensée/objet et devoir moral absolu de véracité
Bloch : vérité historique construite, attention à la diffusion des fausses nouvelles
Foucault : vérité comme production sociale et effet de pouvoir
Dehaene : vérité comme résultat de la vérification expérimentale et de l'apprentissage cérébral